Chapitre 1 - Cours de Maths - 3
Nous nous garons, à l'arrière de l'hôpital, je connais bien cet
hôpital, j'y viens presque tous les jours depuis près de trois ans. Lorsque
j'ai un créneau dans mon emploi du temps, je viens ici en courant, ou
je monte à l'arrière d'un mobylette d'un camarade. Oui, je connais bien
cet hôpital.
Je me dirige dans le dédale de couloir, un coup à
gauche un coup à droite, je connais le chemin par coeur, il faut monter
un étage, traverser encore un couloir, la chambre est au fond à droite.
"C'est la dernière fois que je viens ici", pensais-je.
J'arrive enfin à la dernière porte, toute ma famille m'attend,
ils sont assis le visage sombre. Mes grands-parents, mon beau-père, et ma tante. Lorsqu'ils me voient, tout le monde
éclate en sanglot. Je retenais mes larmes depuis si longtemps, mais tout part d'un coup.
Des années de chagrins, partent en une seule fois. Cela en fait des larmes, des années de chagrin.
Le temps, à ce moment là, prend des proportions étranges, je ne sais
plus si nous pleurons ensemble des heures, ou seulement quelques
minutes.
Un médecin nous demande si nous voulons voir le corps. Je
refuse. Je ne veux pas de cette dernière vision morbide, je veux garder
des souvenirs heureux, si j'en ai encore.
La tante et moi nous nous en allons, nous allons chercher
ma petite soeur Lisianne, au collège, nous allons lui apprendre la nouvelle.
Lyse
est une révolté dans l'âme, elle n'accepte rien, encore moins
l'autorité. A son habitude, elle devient folle en apprenant la triste
nouvelle, se révolte, crie dans la rue et nous supplie de l'emmener voir le
corps.
Mon comportement froid et distant, me surprend par rapport à celui de Lisianne, si spontané, si vif.